Ce rejet présente les allures d’un revers géopolitique inattendu que viennent d’infliger à la chine, les nations insulaires dans le pacifique sud. En effet, dans un contexte où, l’indo-pacifique est devenu un nouvel espace de rivalités entre la chine et les états-unis, pékin cherche à placer dans son orbite sécuritaire les nations insulaires du pacifique sud. Pour ce faire, elle a entrepris une diplomatie de coopération sécuritaire audacieuse envers les îles salomon, kiribati, samoa, fidji, tonga, vanuatu, cook, niue, la micronésie, la papouasie nouvelle guinée et le timor oriental. L’enjeu de cette diplomatie consiste à conclure des accords de défense et de sécurité principalement et secondairement économiques à travers la cartographie des fonds marins et l’exploitation des ressources naturelles.
Cependant, chez les dirigeants de la micronésie, cette approche diplomatique de la chine, est perçue comme une volonté de pékin visant à substituer le bilatéralisme ambiant dans le pacifique sud par un multilatéralisme favorable aux intérêts chinois. Une demande à la vigilance de la micronésie, qui semble avoir déjà choisi le camp des états-unis d’Amérique, en signant en 2021 un accord permettant à Washington d’installer une base militaire sur son territoire. Dans ce cadre, il est plausible de soupçonner une ingérence américaine tacite dans le refus des dirigeants du pacifique à adhérer à la « vision commune de développement » proposée par la chine, sous l’argument de l’absence de consensus régional.
Pour la chine, une telle résistance ne marque pas une faiblesse de sa diplomatie ou un affaiblissement de son positionnement dans la région. En réalité, elle essaye de relativiser ce rejet des dirigeants du pacifique sud, en mettant en avant une coopération basée sur l’agriculture, le changement climatique et la réduction de la pauvreté. Cette orientation de sa diplomatie dans la région peut servir de paravent à des accords sécuritaires futurs selon les autorités chinoises. Pour ce faire, pékin a publié un « position paper » sur ses relations avec le pacifique sud comportant une « vision » en 15 points ainsi que 24 engagements concrets, ne concernant pas le domaine sécuritaire proprement dit.
Ces contournements de la diplomatie sécuritaire de la chine dans le pacifique sud ne sont pas vus d’un bon œil par l’Australie, alliée locale majeure des états- unis dans la région. Pour cette dernière, une éventuelle utilisation des nations insulaires du pacifique sud à des fins de la projection de la puissance chinoise est présentée comme une catastrophe géopolitique et géostratégique dans l’évolution de la sécurité australienne. En clair, la percée de l’influence chinoise dans la région causerait une situation très inconfortable aux américains et à leurs alliés dans la région, pour leurs intérêts sécuritaires et stratégiques. Ainsi, Canberra craint fortement un rapprochement de ses frontières à celle de la chine, du point de vue militaire.
Percevant la chine comme un rival stratégique, l’Australie peine à contrer les ambitions chinoises dans le pacifique sud. Elle a des limites majeures dans son positionnement la région au regard de son faible appui au développement de certaines nations insulaires de la région, comparativement à la chine qui fournit des prêts pour construire des infrastructures et des projets de construction d’envergure, mais aussi de l’argent aux élites politiques. De cette manière, pour faire face à cette poussée de l’influence chinoise, l’Australie veut restaurer sa présence dans la région à projeter de consacrer environ 400 millions de dollars à ces nations insulaires ; de faciliter l’obtention de visas ; de soutenir la lutte contre la pêche illégale et de s’engager de manière affirmée dans le combat contre le réchauffement climatique, en tant menace existentielle pour ces pays insulaires. Globalement, l’objectif de Washington et ses alliés dans le pacifique sud est de contrer les ambitions économiques de la chine dans la région.