Depuis 2017, le Mozambique est confronté à des insurgés islamistes dans la partie Nord de son territoire, particulièrement dans la région du Cabo Delgado, la ville de Palma et la ville portuaire de Mocimboa da Praia. Jusqu’en août 2021, ces deux (02) régions ont été sous le contrôle des djihadistes encore appelés « Chabab ». Grâce au déploiement des troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et du Rwanda en Septembre 2021, le Mozambique a pu contrer et déloger les insurgés dans les principales régions qu’ils occupaient. Cela a eu pour conséquence une baisse d’attaques de plus de 50% entre 2020 et 2021. Cependant, avec la régularité des attaques des djihadistes, qui sont quasi-quotidiennes, les risques de l’ouverture d’un nouveau front est de plus en plus grandissant en particulier dans la région Niassa, se situant toujours dans la Nord du pays.
En effet, pour le seul mois de novembre 2021, L’organisation Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED) a dénombré 37 incidents violents causant une centaine de victimes, particulièrement dans la localité Cabo Delgado, où sont postées les troupes de la SADC. Bien que n’ayant plus accès à leurs principaux canaux de ravitaillement, les groupes djihadistes dispersés continuent à empêcher le retour effectif des 800 000 déplacés internes. En effet, la situation sécuritaire locale demeure volatile malgré les patrouilles permanentes des forces de défense et de sécurité. Les djihadistes affiliés au groupe terroriste « Etat islamique » (EI) n’ont pas été totalement brisés. D’ailleurs, leurs cellules mobiles empêchent non seulement le retour des populations déplacées mais également celui des multinationales comme TotalEnergies dans la Nord.
Dans ce contexte, le développement par les insurgés islamistes de nouvelles sources d’approvisionnement avec les pays voisins comme la Malawi et la Tanzanie reste possible, avec des opportunités de recrutement de nouveaux membres, à partir de la région de Niassa. Le pivotement des djihadistes dans la région de Niassa après leur délogement de Cabo Delgado, laisse présager leur possible retour dans ces localités où ils ont été temporairement vaincus, après le départ des troupes de la SADC et rwandaises (2000 hommes environ). En termes d’état des lieux et de bilan, il peut être relevé :
Toutefois, la dépendance du Mozambique aux sources de financement internes n’est pas durable, au regard du coût important des opérations. Cela pose la nécessité de les varier. Par ailleurs, lutter contre le djihadisme demande une approche globale et pas uniquement militaire, car les causes sont aussi celles de la mal gouvernance. En effet, Cabo Delgado compte parmi les régions les plus pauvres du pays ; il y a un manque d’infrastructures et de débouchés pour les jeunes dans le Nord particulièrement ; et les tensions autour de la mauvaise gestion des retombées de la découverte d’immenses réserves de rubis et de gaz en 2010 sont incisives. Un ensemble de faits qui ont favorisé aussi l’insurrection des djihadistes, dont la structure, la nature, la motivation idéologique et les liens avec l’EI restent flous.