La région de Natanz, située à environ 250km au sud de Téhéran, a récemment été la cible de frappes israéliennes visant l’un des sites névralgiques du programme nucléaire iranien. Officiellement, Israël justifie ces attaques par la volonté d'empêcher l'Iran d’accéder à l’arme nucléaire. Parallèlement, la guerre menée par Benyamin Netanyahou contre le Hamas à Gaza, jugée inhumaine pour les civils et sans perspective politique, suscite une vague de condamnations à l’échelle internationale. Depuis l’attaque terroriste du 7octobre 2023, Israël a également intensifié ses opérations contre le Hezbollah au Liban, une milice soutenue par Téhéran. Cette fois, toutefois, le conflit a pris une dimension plus directe : Israël est désormais en guerre ouverte avec l’Iran, et inversement. Ce face-à-face, en réalité, couve depuis 1979. Cette année-là, la révolution iranienne chasse le Shah Mohammad Reza Pahlavi, fidèle allié des États-Unis face à l’Union soviétique, pour porter au pouvoir l’ayatollah chiite ultraconservateur Rouhollah Khomeini. Parmi ses slogans de l’époque : « Dieu est grand », «Mort à l’Amérique », «Mort à Israël ».
L’hostilité de Khomeini envers Israël s’explique notamment par sa proximité, durant son exil en Irak, avec les Frères musulmans, un mouvement dont l’antisionisme constitue un pilier idéologique. Dès son arrivée au pouvoir, Khomeini crée un corps paramilitaire chargé de concurrencer l’armée régulière : les Gardiens de la Révolution (Pasdaran). Ces derniers vont rapidement structurer et armer des milices pro-iraniennes au Yémen (Houthis), en Irak, et surtout au Liban avec le Hezbollah. Fin 2023, cette milice disposait de quelque 50000 combattants, d’un arsenal de 200000 roquettes, de missiles, ainsi que de drones capables de frapper n’importe quel point du territoire israélien, une partie de cet arsenal étant positionnée en Syrie, sous la protection du régime de Bachar al-Assad, allié de Téhéran.
Cependant, les opérations militaires israéliennes lancées après le 7octobre 2024 ont affaibli le Hezbollah et précipité la chute du régime syrien. Autrement dit, durant des décennies, l’Iran amené une guerre indirecte contre Israël par le biais de ses milices. De son côté, l’État hébreu considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle. Dès le début des années 2000, des soupçons pèsent sur la dimension militaire de ce programme, en contradiction avec les engagements de l’Iran au titre du Traité de non-prolifération nucléaire(TNP). Cette crise du nucléaire va concentrer l’attention internationale pendant plus d’une décennie, jusqu’à la signature de l’accord de Vienne en juillet 2015, sous l’administration Obama. Cet accord, entériné par le Conseil de sécurité de l’ONU, prévoit un allègement des sanctions en échange d’une réduction du stock d’uranium enrichi de l’Iran. Mais en 2018, Donald Trump, alors président, retire unilatéralement les États-Unis de l’accord. Après son retour au pouvoir en 2025, Trump oscille entre deux priorités : renouer un accord avec Téhéran, ou préserver l’alliance stratégique de Washington avec Israël.