Le conflit Iran-Israël : l’impuissance de l’Organisation des Nations Unies ?
Domains: Géopolitique
Regions: Moyen-Orient
Nations: Iran Israël

Tôt ce matin, dans l’ouest de l’Iran, à Arak et Khondab, l’armée israélienne a demandé aux habitants d’évacuer en prévision d’opérations militaires. À Khondab, en particulier, se trouve un site nucléaire sensible, suspecté d’abriter un réacteur à eau lourde.

 

Depuis une semaine, Israël et l’Iran sont engagés dans un conflit que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou qualifie de "guerre préventive", destinée à empêcher la République islamique d’acquérir l’arme nucléaire. Le concept de guerre préventive n’est pas nouveau : les États-Unis y avaient eu recours en 2003 contre l’Irak de Saddam Hussein, sous prétexte de possession d’armes de destruction massive – une allégation qui s’est révélée infondée. Cette intervention s’était d’ailleurs faite sans mandat de l’ONU. En 2011, une autre guerre préventive fut menée en Libye par la France, le Royaume-Uni et les États-Unis, cette fois sous mandat onusien. L’objectif : empêcher le régime de Mouammar Kadhafi de réprimer violemment les manifestations. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence le 20 juin 2025 pour débattre du conflit israélo-iranien. Mais à quoi peut-on réellement s’attendre de la gouvernance mondiale actuelle ?

Fondée le 26 juin 1945 à San Francisco, l’Organisation des Nations Unies rassemblait initialement 51 États, dont les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale : les États-Unis, l’URSS, la Chine, la France et le Royaume-Uni. Leur ambition : prévenir une nouvelle guerre mondiale. Depuis, l’ONU s’est élargie avec la décolonisation et la fin du bloc soviétique, pour atteindre aujourd’hui 193 membres. L’Assemblée générale est le forum où tous les États, de l’Afghanistan au Zimbabwe, débattent à égalité. En revanche, le Conseil de sécurité, organe central chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, compte 15 membres : 10 non permanents élus pour deux ans, et 5 permanents – les États-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni – disposant chacun d’un droit de veto. Ce sont également les principales puissances nucléaires. Le Conseil de sécurité peut engager des médiations, imposer des sanctions ou encore déployer des forces de maintien de la paix, comme les casques bleus actuellement stationnés au Liban pour préserver le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l’Iran.

Cependant, l’efficacité de l’ONU dépend largement de la coopération de ses cinq membres permanents, qui apparaissent aujourd’hui divisés sur le dossier israélo-iranien. La Russie, bien qu’alliée historique de l’Iran, semble marquer ses distances. La Chine, également proche de Téhéran, a condamné Israël sans pour autant s’engager concrètement. La France et le Royaume-Uni rappellent leur attachement au droit international tout en reconnaissant le droit d’Israël à assurer sa sécurité. Quant aux États-Unis, leur position reste incertaine. Le président Donald Trump, fidèle à sa ligne de retrait des affaires extérieures, entretient une position ambivalente vis-à-vis de l’Iran. Sa majorité reste divisée, et sa politique internationale se caractérise par une imprévisibilité persistante.

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