Et si les frappes américaines sur les sites nucléaires iraniens avaient finalement échoué à atteindre leur objectif stratégique ? Tandis que Donald Trump revendique le mérite d’avoir négocié un cessez-le-feu entre Israël et l’Iran, plusieurs sources concordantes laissent entendre que Téhéran aurait eu le temps, avant les frappes sur Ispahan, Natanz et Fordo, de déplacer par camions des stocks critiques d’hexafluorure d’uranium enrichi à 60 %. En attaquant directement l’Iran il y a douze jours, Benjamin Netanyahou entendait porter un coup décisif à un système hostile qui, depuis 1979, menace Israël. Mais où en est cette ambition aujourd’hui ?
Tout a commencé le 7 octobre 2023 à Gaza, avec l’attaque meurtrière du Hamas contre le territoire israélien. L’État hébreu réagit par une offensive de grande ampleur, visant à détruire les capacités militaires du Hamas, considéré comme un pilier de « l’axe de la résistance » iranien. En vingt mois de guerre, Israël affirme avoir neutralisé une grande partie de l’appareil militaire du Hamas, notamment par l’assassinat de Yahya Sinouar, le 17 octobre 2024 à Rafah. Toutefois, cette guerre a coûté la vie à environ 56 000 Palestiniens, selon des chiffres du Hamas jugés crédibles par l’ONU. Cette dernière a d’ailleurs exhorté Israël, encore hier, à « cesser de tirer sur les civils cherchant de la nourriture », face à une population « affamée et désespérée ».
Le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque du Hamas, le Hezbollah entre en guerre depuis le Liban. Israël ouvre alors un deuxième front. Le 27 septembre 2024, l’élimination de Hassan Nasrallah à Beyrouth affaiblit sérieusement la milice chiite. Un cessez-le-feu est conclu en novembre, bien que les frappes israéliennes sur des positions du Hezbollah se poursuivent sporadiquement. Le Hezbollah, tant sur le plan militaire que politique, en sort affaibli, tandis que le Liban choisit de ne pas s’engager dans la guerre directe entre Israël et l’Iran.
Même la Syrie semble aujourd’hui vouloir rompre avec l’orbite iranienne. En décembre 2024, Ahmed Al Charaa renverse le régime de Bachar el-Assad. Depuis, Damas se rapproche des monarchies du Golfe et tente d’adopter une posture de neutralité vis-à-vis d’Israël, malgré l’occupation persistante du plateau du Golan.
L’ensemble de ces évolutions — chute d’Assad, affaiblissement du Hamas et du Hezbollah, isolement progressif de l’Iran — pourrait être perçu comme un succès stratégique pour Israël. Pourtant, la République islamique d’Iran tient toujours. Et une question demeure, poignante : quel avenir pour Gaza, où la guerre continue dans une violence extrême, en totale violation du droit international ?