Mise en garde des USA et de l’UE contre les livraisons d’armes de la Chine à la Russie

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Alors que la guerre bat son plein en Europe, et que les pertes s’accumulent dans les deux camps (côté ukrainien et côté Russe), ceci grâce au soutien quasi indéfectible qu’apportent l’OTAN et l’Union européenne à l’Ukraine ; les hostilités semblent prendre une nouvelle tournure un an après le début de cette guerre. En effet, le dimanche 19 février 2023 le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a averti que la Chine envisageait de fournir des armes à la Russie. Cette nouvelle a immédiatement suscité une vague de réactions des gouvernements occidentaux, et notamment celle de l’UE, qui voient dans cet acte une « ligne rouge » à ne pas franchir. Une aide militaire chinoise à la Russie pour appuyer son invasion en Ukraine serait une « ligne rouge » pour l’Union européenne, a averti à Bruxelles Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE. De son côté, le chef de la diplomatie suédoise Tobias Billstrom, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE pense que si la Chine décidait de fournir des armes à la Russie « cela aurait évidemment des conséquences ». Son homologue luxembourgeois Jean Asselborn a dit espérer que la Chine « ne fasse pas cette erreur ». Dans la même veine la vice-présidente américaine, Kamala Harris, présente à Munich le samedi 18 février, avait elle aussi mis en question la neutralité affichée par la Chine estimant que « Toute démarche de la Chine visant à fournir un soutien létal à la Russie ne ferait que récompenser l’agression, poursuivre les tueries et saper davantage un ordre fondé sur des règles ».

Si selon la Chine, ces accusations sont juste un moyen pour les USA de « jeter de l’huile sur le feu », en stigmatisant les relations sino-russes ; il faut néanmoins souligner que le partenariat militaire entre les deux pays est profondément ancré dans l’histoire. Ainsi, depuis la disparition de l’URSS, la République populaire de Chine est devenue le principal client de la Russie pour les armements. Ses achats sont en augmentation régulière : d’un milliard de dollars en 1997-1998, ils sont passés à plus de deux milliards et demi en 2002, ce qui faisait de cette année, une année record pour les exportations d’armes par la Russie, qui ont alors atteint 4,8 milliards de dollars. Dès là, il apparaît clairement que les achats chinois ont joué un rôle essentiel dans la survie de l’industrie militaire russe ; ils ont maintenu relativement en bonne santé le leader de l’aéronautique « Sukhoï », et en particulier sa plate-forme industrielle, l’union de production d’aviation de Komsomolsk-sur-Amour.

L’on comprend dès lors la crainte américaine de voir cet allié historique de la Russie, apporter un soutien plus prononcé à cette dernière. Il faut dire que la neutralité de la Chine sur la question de la guerre en Ukraine, est une grosse gêne pour les USA, en quête davantage de soutien au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

Face à ces accusations taxées de fallacieuses, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères appelle les États-Unis à réfléchir sérieusement à leurs propres actions et faire davantage pour calmer la situation, promouvoir la paix et le dialogue, cesser de rejeter la faute sur les autres et de propager de fausses informations. Malgré ce démenti chinois, l’on ne peut néanmoins s’empêcher de percevoir dans ces querelles diplomatiques, des relents d’une aggravation graduelle de la fracture Est/Ouest, susceptible de ramener à l’ère et de faire basculer le conflit russo-ukrainien dans une phase plus violente.