Après la chute de Bachar Al-Assad, quels défis et perspectives pour la Syrie

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Au lendemain de la chute de Bachar Al-Assad, quel est le sentiment qui prime au sein de la société syrienne ? La célébration de la fin d’un demi-siècle de dictature ? L’horreur face aux exactions commises par le régime, notamment au sein de ses prisons aujourd’hui libérées ? Ou la crainte d’une nouvelle gouvernance aux contours encore indéfinis ? Telles sont les nombreuses interrogations qui nécessitent qu’on y prête la plus grande attention.

En effet, dans la nuit du samedi 07 au 08 dimanche décembre 2024 des rebelles menés par un ancien haut dirigeant de al-Qaïda, ont pu venir à bout du régime syrien. Ahmed Hussein al-Chara, anciennement Abou Mohammed al-Joulani, puisqu’il s’agit de lui, est passé du statut de dirigeant affilié à al-Qaïda à celui de figure réincarnée promouvant le pluralisme en Syrie. Malgré ses tentatives d’apparente modération, des doutes subsistent quant à ses intentions démocratiques. Considéré jusqu’ici comme un terroriste par les occidentaux, Ahmed Hussein al-Chara, par ce coup d’Etat, rejoint paradoxalement les rangs de la normalité occidentale.

Selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ce changement historique dans la région offre des opportunités » mais n’est pas « sans risque. Elle affirme d’ailleurs que « L’Europe est prête à soutenir la sauvegarde de l’unité nationale et la reconstruction d’un État syrien qui protège toutes les minorités.

C’est le même son de cloche aux États-Unis où, s’exprimant à la Maison Blanche, le président Joe Biden a déclaré : « le régime Assad est enfin tombé », qualifiant sa chute d' »acte fondamental de justice. C’est un moment d’opportunité historique pour le peuple syrien, qui souffre depuis longtemps, de construire un avenir meilleur pour son pays dont il est fier. C’est aussi un moment de risque et d’incertitude. »

En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu parle quant à lui d’un « jour historique pour le Moyen-Orient ». Selon ce dernier « L’effondrement du régime Assad, la tyrannie de Damas, offre de grandes opportunités mais comporte aussi des dangers importants ».

En prenant du recul face à ces célébrations occidentales, il nous semble impérieux de ne pas se laisser bercer par les illusions de cette euphorie qui fait suite à la victoire d’un ennemi devenu un allié par un concours de circonstances. En effet, ces alliances de revers sont très souvent porteuses de désillusions. Et même, les expériences de la pseudo-démocratie importée en Irak ou encore en Libye, sont assez évocatrices, et devraient plutôt appeler à faire montre de circonspection face à l’incertitude qui se profile dans le ciel syrien.