L’amorce d’une coopération militaire russo-malienne embarrassante pour Paris dans la lutte antiterroriste

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Un partenariat militaire est en construction entre le gouvernement malien du premier ministre Choguel
Maïga et la société militaire privée russe « Wagner ». L’initiative d’un tel partenariat intervient dans un
contexte où la France se redéploie dans le Sahel. Une situation qui ne plait pas le principal partenaire militaire étranger du pays qu’est la France. En effet, cette dernière est opposée à une telle initiative des autorités maliennes pour les raisons suivantes :

  • La perception controversée de la société militaire privée russe « Wagner » comme une armée occulte du Kremlin
  • L’incompatibilité sécuritaire entre « Wagner » (vu comme des paramilitaires ou mercenaires russes) et le soutien occidental au Mali
  • Les frictions entre cette société militaire privée russe et la France en République centrafricaine

En effet, la fin de l’opération française « Barkhane » au profit de la mise en place d’une coalition
internationale encore embryonnaire a déplu aux autorités maliennes, qui se sont estimées lésées, et ont ouvert des options ou partenariats sécuritaires susceptibles de les rendre autonomes dans la défense et la sécurisation de leur pays. De son côté, la France justifie son redéploiement en arguant que la diminution du nombre de ses soldats (de 5100 militaires d’ici à 2023) correspond à une mutation adaptée de son dispositif sécuritaire et non à un abandon de ses priorités stratégiques et opérationnelles dans le pays en particulier et dans le Sahel en général. Bien que les autorités malienne (Choguel Maïga) et russes (Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe) semblent convenir implicitement à un accord, la France quant à elle reste déterminée à empêcher qu’une telle initiative voit jour.

Pendant que la France veut préserver sa zone d’influence et ses intérêts au Mali, les autorités maliennes de leur côté cherchent à profiter des rivalités internationales pour solliciter un engagement plus fort et poussé de leurs partenaires occidentaux, en faisant pression à l’aide de Moscou. Cette posture des autorités maliennes est liée au discours nationaliste récurrent dans le pays et à une volonté manifeste de changement de la stratégie de défense et de sécurité depuis 2020. La propension à un basculement de la coopération sécuritaire vers la Russie s’explique aussi par l’origine du background professionnel des hommes politiques qui sous-tendent une telle initiative notamment le chef de gouvernement malien Choguel Maïga, diplômé de l’Institut des télécommunications de Moscou et le ministre de la défense formé en Russie Sadio Camara.

La lente mais progressive dégradation des relations entre les autorités maliennes actuelles et la France trouve sa cause autour de trois (03) facteurs :

  • La perte de confiance des autorités maliennes vis-à-vis de la France jugée fébrile dans la lutte antiterroriste
  • La non application de l’accord de paix entre les autorités maliennes actuelles et les ex-rebelles du Nord
  • Le lent redéploiement de l’Etat pour une effectivité territoriale

Ces divergences sont préoccupantes car elles sont aussi observées avec les pays voisins du Sahel comme le Niger. Les autorités maliennes actuelles se plaignent de ne pas voir de changement notable sur la sécurité et la stabilité de leur pays en prenant généralement comme illustration la progression vers le Sud du pays de la menace djihadiste et la multiplication des conflits intercommunautaires internes.